Le sultan alaouite Moulay Ismaïl s’est érigé à son époque comme le champion incontesté du jihad. À l’apogée de sa puissance, il affiche sans ambages sa volonté de récupérer les places côtières aux mains des puissances européennes. Moulay Ismaïl va jusqu’à créer un corps d’armée dédié à cette «sainte» mission…
Sans lui, peut-être Sebta et Melilia ne seraient pas les seules enclaves étrangères en terre marocaine. Comme pour les présides sous autorité espagnole de la côte méditerranéenne, il nous aurait alors fallu un visa pour nous baigner à Mehdia, célèbre station balnéaire près de Kénitra, ou encore pour flâner le long des remparts de la paisible Asilah. Le Maroc moderne doit donc au sultan Moulay Ismaïl (1672-1727) la souveraineté de quelques uns de ses sites côtiers les plus stratégiques. Au cours de son très long règne (55 ans), le sultan a fait de la «reconquête» marocaine une priorité morale, religieuse et aussi politique. En parvenant à libérer successivement le bastion de Maâmora en 1681 (l’actuelle Mehdia), Tanger en 1685, puis Asilah en 1689, et enfin Larache en novembre de la même année, le célèbre souverain alaouite vient clore le second chapitre de la «reconquista» marocaine.
Mais, tout comme son premier acte, initié par les Saâdiens au début du XVIème siècle, cette seconde offensive n’est pas tout à fait achevée. Malgré plusieurs tentatives, Moulay Ismaïl échoue à libérer Sebta, Melilia, et le fort de Mazagan demeure entre les mains des Portugais jusqu’en 1769. Pour autant, le sultan est tout de même parvenu à récupérer, en quelques années à peine, des sites majeurs de l’histoire du Maroc. Comment a-t-il pu réaliser un tel tour de force alors que depuis les Saâdiens, aucune autorité du Makhzen n’a su bousculer les garnisons chrétiennes fermement accrochées à leurs bastions ?
Par Sami Lakmahri
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