Outre sa longévité, Abdelkrim Khatib a considérablement influé sur le cours de plusieurs évènements majeurs. Résistant et fidèle allié du Palais, acteur politique incontournable et diplomate avisé, Khatib est également le premier à introduire l’islamisme politique. Passage en revue des mille et une vies du mystérieux docteur.
« Lorsque le médecin l’a invité à se rendre à l’hôpital, mon père a refusé. Il savait que son heure était arrivée ». Hind Khatib, au chevet de son père, revient sur la paisible agonie de ce personnage majeur de l’histoire du royaume. Abdelkrim Khatib s’éteint durant la nuit du destin du ramadan 2008. Tout un symbole. Durant toute sa vie, cet homme pieux n’a jamais dissocié la religion de son parcours politique aussi long que complexe. Une valeur qu’il a héritée d’une famille de notables érudits, profondément enracinée dans l’histoire du Makhzen.
Né à El Jadida le 2 mars 1921, Abdelkrim Khatib est élevé par son grand-père maternel, le Fqih Mhamed Guebbas, l’un des premiers Marocains envoyés à l’étranger pour des études d’ingénierie sous le règne du sultan Moulay Hassan (1873–1894). Diplômé de l’université d’Oxford, Guebbas occupe à son retour les fonctions de ministre de la Défense, délégué du sultan Moulay Abdelaziz (1894–1907), avant de se retirer à l’avènement de Moulay Hafid (1908–1912), et de reprendre brièvement du service aux côtés de Moulay Youssef (1912-1927) en devenant Grand Vizir. Fervent royaliste, il transmet à son petit-fils le sens du devoir et surtout de l’Etat.
Par Sami Lakmahri
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