Après 10 mois de procès mouvementé et polémique, le verdict est tombé. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a eu l’effet d’une douche froide ; particulièrement après l’enthousiasme suscité par la prestation des Lions de l’Atlas au Mondial en Russie contre l’Espagne.
Hier soir, vers 22h30 donc, la chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca a rendu son verdict à l’encontre de 53 accusés. Nasser Zefzafi, leader de la contestation qui a ébranlé le Rif en 2016 et 2017, a ainsi été condamné à 20 ans de prison ferme. Trois autres leaders, Nabil Ahmjiq, Ouassim Boustati et Samir Ighid ont eux aussi écopé de 20 ans de prison. Tous sont condamnés pour «complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’Etat».
Trois autres militants, Zakaria Adahchour, Mohamed Haki et Mohamed Bouhnouch, ont été condamnés à quinze années de prison. Une peine de 10 ans de prison ferme a été prononcée envers Mohamed Jelloul, Karim Amghar, Bilal Ahbbad, Salah Lachkham, Achraf Yakhloufi et Omar Bouhras. Mohamed Mejjaoui, Chakir Lmakhrout, Rabie Elablaq, Ilyas Hajji, Soulaiman Fahili, Mohamed Asrihi, Lahbib Hannoudi, Abdelali Houde et Ibrahim Abqoui ont eux écopé de 5 ans de prison ferme. Le reste des peines varie entre une et trois années de prison ferme.
Le sort du journaliste Hamid El Mahdaoui, poursuivi pour « non dénonciation d’une tentative de nuire à la sécurité intérieure de l’Etat », pourtant jugé en même temps que les 53 militants du hirak, n’a pas encore été fixé. Pour rappel, il est poursuivi pour “non dénonciation d’une tentative de nuire à la sécurité intérieure de l’Etat” et risque deux à cinq ans de prison ferme.
Si Nasser Zefzafi et ses co-détenus ont choisi de boycotter les derniers jours d’audience pour dénoncer la « partialité de la justice », les proches des accusés, eux, étaient tout simplement sidérés, choqués, à l’annonce du verdict. Les avocats de la défense, par solidarité avec les accusés, ont refusé de plaider. Ils ont néanmoins déploré ces «peines très lourdes» et estimé que « L’Etat a échoué dans ce test de respect des droits de l’homme et des libertés essentielles, tout comme l’indépendance de la justice », selon une déclaration de Maitre Souad Brahma, faite à l’AFP. Sur les réseaux sociaux et au sein de la société civile, le verdict a lui aussi choqué et indigné. Deux sit-in pour protester contre les peines à l’encontre des militants du Hirak auront lieu ce soir, à partir de 19h. La suite des évènements demeure une grande inconnue…