Avec l’avènement de l’islam, le christianisme a donné l’impression de cesser d’exister, en se laissant ensevelir dans un subconscient historique. Mais il en reste forcément des rémanences, lointains échos d’un passé à recomposer…
Par «africain», on entend l’Afrique du Nord, où le christianisme, avant l’avènement de l’islam, était réel. L’église africaine a donné au christianisme ses grands noms : Tertullien, Saint Cyprien ou Saint Augustin, pour ne citer que les plus connus. L’école de Carthage, par un syncrétisme du manichéisme et du néoplatonisme à la fois, rayonnait sur l’Afrique (du Nord), et distillait une approche rationnelle qui allait paver la voie à Saint Augustin. Il y eut concomitamment les Donatistes à la conception rigoureuse et «nationaliste», radicale, dirions-nous aujourd’hui, rejetant le syncrétisme manichéen et néoplatonicien, paravent de la domination de Rome.
Tout cela est connu, mais avec l’avènement de l’islam, le christianisme a cessé d’exister, ou plutôt il s’est enseveli dans un subconscient historique. Seule l’anthropologie peut nous aider à déterrer ce subconscient, faute de documents.
Les Kharijites ne sont-ils pas, à l’orée de l’islam en Afrique du Nord, une déclinaison des Donatistes, nous dit Charles André Julien ? Les Ribat où se déploiera l’action des Almoravides, ne sont-ils pas par un avatar des monastères chrétiens ? Abdellah Ibn Yassine, le fondateur des Ribat, n’avait-t-il pas fait un passage en Espagne ? Ne serait-il pas influencé par le «maraboutisme» chrétien ? Les Ribat, et partant les zaouias, ne seraient pas une expression monastique ? En sus de l’anthropologie, l’histoire de l’Espagne, avec sa séquence de l’arianisme, pourrait nous aider à déterrer ce subconscient historique.
Par Hassan Aourid
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