Quatre décennies après sa conquête par les Omeyyades, le Maroc se divise en plusieurs émirats rivaux, avec pour chacun un dogme islamique à part. Du VIIIème jusqu’au XIIème siècle, les Marocains étaient à la fois sunnites, chiites, kharijites, mu’tazilites, certains épousant même une nouvelle religion qui a son propre prophète et son propre Coran. Retour sur une période foisonnante de l’histoire de l’islam au pays du Maghreb al-Aqsa.
Introduit en 698 par les conquêtes Omeyyades, menées par Oqba Ibn Nafiî, l’islam au Maroc n’a jamais été un dogme monolithique comme on peut le vivre aujourd’hui. Si de nos jours, le Maroc suit un islam malikite, acha’rite, porté aussi bien par le pouvoir que par le peuple, il n’en a rien été au tout début de l’histoire de ce qu’on appelait alors al-Maghreb al-Aqsa. Les conquérants Omeyyades ont bel et bien installé un dogme proto-sunnite, suivant en cela la doxa portée par les Califes de Damas qui ont pris le pouvoir après de longues batailles avec le clan de Ali Ibn Talib, cousin du prophète, ses fils al-Hassan et al-Hussein et leurs descendants. Mais les Marocains se sont vite rebellés contre l’ordre établi. En 740, soit 42 années après l’arrivée des premiers conquérants venus de «Bilad Cham», les élites marocaines organisent une grande révolution contre les dirigeants installés par la cour de Damas. Les raisons de cette révolte ne sont pas religieuses au début, mais purement politiques : une sorte de Hirak social contre le régime répressif de l’époque que les tribus marocaines n’ont jamais accepté, confinant le pouvoir Omeyyade au seul territoire d’al-Andalus. Le Maroc se libère donc du pouvoir des Califes d’Orient. Commence alors un foisonnement d’idées et de dogmes, qui vont créer dans un même pays plusieurs factions de l’islam et en faire une terre d’exil privilégiée pour tous les opposants des Banou Umayya et, plus tard, de leurs successeurs au pouvoir les Abbasides.
Par Mehdi Michabl
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