Le Centre d’Etudes et de Recherches Mohamed Bensaïd Aït Idder (CERM) prévoit l’organisation d’un colloque international sur le conflit du Sahara en avril prochain. Toutes les parties, y compris le Polisario, y sont invitées. Une reprise du dialogue (officieux) attendue depuis des années. Coulisses d’un évènement qui fera peut-être date dans l’histoire.
Le séjour algérien de la délégation emmenée par Mohamed Bensaïd Aït Idder en février dernier n’était pas que de courtoisie. Officiellement invitée pour les cérémonies du quarantième jour de la disparition du résistant Hocine Aït Ahmed, les personnalités marocaines, réunies autour du leader Aït Idder, en ont également profité pour négocier la tenue d’un colloque historique. Prévu pour avril 2016 à Marrakech, ce colloque a pour objectif de renouer le dialogue entre les acteurs du conflit du Sahara, qui plombe depuis plus de 40 ans le décollage de la région Maghreb. Sur toutes les lèvres se lit alors la question de la présence de représentants du Polisario sur le sol de la ville ocre. Selon nos informations, livrées par un élément proche de l’organisation, « le Polisario a bel et bien reçu une invitation. Le CERM le considère toutefois comme un mouvement politique, qui peut faire partie de la solution, et non comme une entité étatique (la RASD, ndlr) qui, elle, fait partie du problème ». Du côté des officiels d’Alger, notre source confirme également leur apparente bonne volonté : « Ramtane Lamamra, le ministre des Affaires Etrangères, a qualifié l’initiative de louable. Il a ajouté que le problème est complexe tout en promettant de répondre à l’invitation du CERM ». L’implication du ministre ne fait guère de doute depuis que la presse algérienne a qualifié « d’évènement » son déplacement à l’hôtel où résidait la délégation marocaine à Alger le 5 février dernier. Une attitude qui va dans le sens du dialogue et laisse espérer un assouplissement de la politique de l’Algérie.
C’est en tout cas le sentiment que nous a livré Mohamed Bensaïd Aït Idder : « Nous avons été heureux de constater que la question du conflit au Sahara n’est plus un tabou en Algérie. Comme nous avons constaté que le courant unitaire chez nos voisins n’est pas négligeable, surtout au sein des intellectuels et des jeunes ». Pour l’ancien résistant et pilier de l’ALS (Armée de Libération du Sud), l’apaisement des tensions doit être saisi comme une opportunité unique de relancer les pourparlers. Une tâche qui s’annonce tout de même compliquée, nous avoue Bensaïd Aït Idder : « Il va sans dire qu’un tel travail dérange tous ceux qui tirent profit du conflit du Sahara, mais comme le dit le proverbe arabe ‘la caravane passe et les chiens aboient’ ». Une résistance à la paix matérialisée ces derniers jours par certains médias algériens, qui accusent d’une part Bensaïd d’être instrumentalisé, et de l’autre, que les bonnes volontés algériennes sont manipulées par le Maroc.
Malgré tout, le colloque d’avril devrait bien se tenir à Marrakech. Pour Bensaïd, aucun conflit n’est insurmontable : « Les grands peuples sont capables de lire ensemble leur histoire commune. N’est-ce pas l’exemple que nous offrent la France et l’Allemagne après s’être livrées à trois terribles guerres en moins d’un siècle ».