Aussi loin que remonte l’Histoire, le Maghreb forme une entité dessinée par ses caractéristiques géographiques et culturelles. Progressivement, une identité commune s’est forgée. Au Moyen-Age, cet espace sans frontières était le lieu de nombreux échanges, qu’ils soient commerciaux ou culturels : les caravanes transsahariennes sillonnaient la région, tandis que savants et étudiants voyageaient d’un grand centre de savoir à l’autre pour approfondir leurs connaissances. Politiquement, les pays du Maghreb, qui ont formé des Etats distincts à partir du XIIIe siècle, ont également en commun d’avoir résisté à l’occupant, d’abord avec l’impérialisme ibérique puis, quelques siècles plus tard, avec la colonisation française. La lutte pour les indépendances, dès les années 1940, a renforcé cette communauté de destin qui a pris officiellement forme avec la création de l’Union du Maghreb arabe en 1989. Cette organisation longtemps restée en sommeil est de nouveau inscrite à l’agenda. L’occasion d’évoquer notre passé pour mieux comprendre cet enjeu actuel.
Le Maghreb est aujourd’hui un vocable qui renvoie à un espace regroupant officiellement cinq pays souverains affiliés à l’ONU. Il s’agit, d’est en ouest, de la Libye, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie. Dans les écrits anglo-saxons et particulièrement américains, cet espace est associé au Moyen-Orient, on parle alors « d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient ». Les Français, eux, ont surtout employé le terme «Afrique du Nord» jusque dans les années 1970. Mais elle ne recouvrait que la Tunisie, l’Algérie et le Maroc. La Libye était associée au Moyen-Orient et la Mauritanie à l’Afrique subsaharienne. Cette « Afrique du Nord française » était appelée quelquefois Maghreb. En tout cas, jusqu’aux indépendances des trois pays, seul le terme de « Nord-Africains » servait à désigner les ressortissants de ces pays colonisés. L’utilisation de «Maghreb» et « Maghrébins » ne deviendra définitive qu’une vingtaine d’années plus tard. C’est-à-dire au moment où la présence maghrébine acquiert en France un aspect politique, notamment avec l’émergence de la « deuxième génération » comme réalité sociologique et politique.
Par la rédaction
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