Au voyageur séduit, à l’ancien coopérant, au Marocain d’adoption, le Maroc ne cesse d’inspirer des formules contradictoires associant lyrisme et exotisme. «Mais, derrière les clichés quelque peu romancés d’un côté, comme derrière la vision noire d’une société féodale de l’autre, se cache un pays bien plus complexe qu’on veut le voir en Europe», note Pierre Vermeren(1). Mais, les Marocains eux-mêmes ne contribuent-ils pas à brouiller les pistes ? Leurs dirigeants et leurs élites ont construit, au fil des dernières décennies, un récit national qui se plaît à mettre en avant les facettes nombreuses du pays. Il est vrai que dans un monde arabe où la diversité a été tenue en règle générale pour une menace à l’intégrité et à l’essence de la Nation, le Maroc fait figure d’exception en revendiquant haut et fort un pluralisme aux expressions multiples : ethnique, religieuse, linguistique. En témoignent la reconnaissance solennelle de l’amazighité même si elle n’est pas toujours suivie d’effet et la reconnaissance symbolique de la part juive du Maroc, alors même que les juifs ont émigré en nombre en Israël (Mohammed Kenbib).
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La suite de l’article dans Zamane N°47