Phéniciens, Grecs, Romains, Vandales, Wisigoths, Arabes, etc. Depuis plusieurs siècles, les peuples et les Etats se disputent les deux villes, aujourd’hui enclaves espagnoles dans le nord du Maroc. Et ce n’est pas fini…
L’histoire des deux enclaves espagnoles de Sebta et Melilia au Maroc épouse celle de la Méditerranée. Les Phéniciens commencent par installer une colonie commerciale à Melilia, appelée alors Rusaddir, et les Grecs occupent Sebta. Plus tard les deux cités, qui offrent chacune un port naturel, seront exploitées tantôt par les Romains tantôt par les Carthaginois, durant les guerres puniques. A partir de l’an 40, les Romains y prennent place, et donnent des noms latins à ces villes qu’ils occupent : Septem Frates pour Sebta et Flavia pour Melilia.
D’un califat à un autre
A la chute de l’empire romain, les Vandales de Genséric prennent le relais des Romains, et transforment Sebta en place forte de l’empire byzantin, avant que les deux villes ne passent sous l’influence des Wisigoths. Et quand les musulmans se lancent à la conquête de la péninsule ibérique, Sebta leur sert de tremplin, grâce à la trahison du gouverneur byzantin Julien, dont l’écrivain Juan Goytisolo fera le héros d’un de ses romans. Quant à Melilia, ou «Mlila», les conquérants arabes en feront un solide marchepied pour troupes berbères en partance pour Al-Andalus. Melilia passera d’un califat à un autre, d’une taïfa à une autre, jusqu’à ce que les troupes espagnoles du duc de Medina Sidonia, commandées par Pedro de Estropiñan et Francisco Ramirez de Madrid, ne l’occupent. Nous sommes alors en 1497, soit cinq ans après la chute de Grenade. De son côté, Sebta qui est elle aussi passée d’un joug à un autre, choisit l’Espagne quand ce pays se sépara du Portugal après un mariage politico-territorial raté. C’était en 1640. Depuis lors, si les Espagnols n’ont pas pu pousser plus à l’intérieur du Maroc leur avantage militaire et sont restés cantonnés à l’intérieur de leurs murs, ils ont néanmoins réussi à s’y maintenir.
La suite de l’article dans Zamane N°2
Par Adnan Sebti
Tous ces titres dans le même numéro ?