Mérinides, Wattasides, Saâdiens, Alaouites,… Amazighes ou chorfa, on connaît plus l’histoire des dynasties que les noms qu’elles portent. Quand ils ne sont pas hérités d’un patronyme de filiation, ceux-ci sont directement puisés dans une assise purement idéologique.
Il y a deux manières d’envisager le nom des dynasties. On peut soit se contenter de dérouler la succession chronologique familière, soit prêter une certaine attention à la signification initiale des noms, et aux variations éventuelles qui apportent certains éclairages à l’histoire politique marocaine dans sa longue durée. Nous avons choisi la deuxième option, en nous limitant aux dynasties qui ont régné à partir du XIe siècle. C’est un choix qui trouve sa justification dans deux aspects, à savoir une relative abondance de l’information disponible, et les débuts d’un processus de centralisation étatique. Il y a d’abord les trois « empires berbères ». On constate que l’appellation des Almoravides et des Almohades vient de leurs assises idéologiques. Pour les premiers, on perçoit la référence à deux moments successifs qu’on situe approximativement au début des années 1020. Il y a eu «Dar al-Mourabitine», fondée dans le Souss par un disciple d’Abou Îmran al-Fassi, le faqih Waggag Ibn Zallu al-Lamti ; son élève Abdallâh Ibn Yassin al-Jazouli fonda par la suite un autre ribat à l’ouest du Sahara, dans un site difficile à localiser. C’est là que se forma le noyau de la force politico-religieuse qui allait partir à la conquête du pouvoir. Le phénomène du ribat a ainsi scellé l’alliance entre le réseau des fouqaha malékites et les tribus Sanhaja qui contrôlaient un grand axe stratégique du commerce de l’or.
Par Abdelahad Sebti
La suite de l’article dans Zamane N° 56