On pourrait croire que le mouvement catalan serait favorable à ses alter ego à l’étranger. Que son soutien à la République du Rif puis aux séparatistes sahraouis est logique. Pourtant, même l’indépendantisme catalan ne rime pas toujours avec soutien aux combats nationaux au Maghreb. Les réalités sont plus subtiles.
À l’heure où Madrid et la Catalogne sont pratiquement en guerre ouverte, et où le gouvernement madrilène, sous la présidence du conservateur Mariano Rajoy, a affirmé que la “répression était la seule réponse possible” face aux indépendantistes catalans, un autre épisode noir de l’histoire espagnole fait écho à l’actualité. Il s’agit bien sûr de la “Semaine tragique” (Semana Tràgica en castillan), qui a eu lieu du 26 juillet au 2 août 1909) où près de dix-mille grévistes et manifestants catalans sont violemment réprimés (battus, jugés, voire tués) par l’armée, sur ordre du gouvernement central. En cause ? Le refus de participer à la Guerre de Melilia, prélude à la Guerre du Rif. Beaucoup, à la lumière des évènements récents, tentent désormais de créer un parallèle “logique” entre les revendications actuelles des indépendantistes catalans et leur rejet de l’impérialisme espagnol en terres africaines aux XIXème et XXème siècles. Autrement dit, les opposants actuels au centralisme et aux politiques néolibérales de Madrid seraient dans la lignée des opposants d’hier à l’impérialisme, à l’autoritarisme et au capitalisme espagnol. De nombreux historiens espagnols sont catégoriques : “Cela n’a rien à voir !”.
Par Nina Kozlowski
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