Venus faire fructifier leur fortune dans la ville blanche, les riches négociants fassis sont devenus les premiers industriels du pays et ont fait de Casablanca la capitale économique du pays.
Les premiers entrepreneurs marocains de l’industrie moderne ont vu le jour à Casablanca. De même, la classe ouvrière, qui forme l’autre composante essentielle de la force productive de l’industrie, s’est constituée dans la ville blanche dès les premières années du XXe siècle. Casablanca deviendra dès lors la pépinière nationale des chefs d’entreprises, des capitaines d’industrie et le foyer de formation de la classe ouvrière et de son épanouissement. Si, à l’origine de l’industrie moderne, se trouve le capital étranger installé dès le début du XXe siècle au Maroc et plus particulièrement à Casablanca, le capital privé marocain, surtout fassi, s’est intéressé bien avant à certaines formes de production de type artisanal, mais il s’est surtout investi dans les activités de négoce. Les mutations profondes qu’a connues l’espace marocain, avec l’instauration du protectorat, ont introduit le basculement du centre économique du pays vers la côte, et principalement vers Casablanca. Elles ont entraîné en même temps la plupart des négociants et des grosses fortunes de Fès vers la nouvelle capitale économique en formation.
De Fès à Casablanca
A la veille du protectorat, Fès représentait, en quelque sorte, la capitale « industrielle » du Maroc. Elle regroupait 12 000 personnes travaillant dans des activités de production très diverses. A cette époque, l’activité industrielle était inexistante à Casablanca. Le transfert du centre de gravité du pays vers la côte et la rupture des formes précapitalistes de l’économie se sont matérialisés au début du XXe siècle par la destruction des anciens circuits de production et de distribution et l’émergence de Casablanca comme capitale de l’économie capitaliste.
Par Abdelkader Kaioua
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