Les récits des Bachador (ambassadeurs) marocains en Europe, ces fameuses Sifara (ambassades) tenaient parfois du réquisitoire théologique, et restaient souvent bien loin des réalités politiques ou philosophiques de leur époque. Florilège.
« Il est difficile de certifier qu’il y avait une machine diplomatique à l’image de ce qu’était le cas en Europe. Au Maroc, la diplomatie est à ranger dans une logique islamique connue dans l’histoire : la Rihla ou le voyage », dit Abdelmajid Kaddouri dans son livre «Le Maroc et l’Europe», publié en 2012.
Pour le Maroc, jusqu’à la fin du XIXème siècle et le tout début du XXème, on parlera d’ambassade pour dire surtout une mission diplomatique ponctuelle : l’ambassade est alors composée de l’ambassadeur et de ses assistants, qui forment un convoi sultanien. Cette sorte d’ambassade est généralement courte et limitée à la négociation d’un accord précis. Elle est devenue plus rare de nos jours, car on l’a remplacée par des représentations permanentes dans les capitales. Il n’est donc pas courant aujourd’hui que l’on envoie des représentants épisodiques, on leur préfère le terme de mission spéciale. Une ambassade ponctuelle, c’est ce que connut l’histoire des arabes et des musulmans aussi bien en Orient qu’en Occident.
Or, qui dit mission ponctuelle, dit aussi le traitement d’un problème spécifique. L’ambassadeur ne s’occupait que d’une commission commandée par le sultan, et qu’il fallait aller traiter avec les responsables politiques du pays de destination. De quels genres étaient ces missions ? Difficile de le savoir à travers les récits laissés par ces ambassadeurs eux-mêmes ; du moins ceux qui ont pris la peine de consigner leur voyage par écrit.
Par Moulim El Aroussi
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