Comment, plusieurs années après la Guerre du Rif, la région connut un épisode de disette sans précédent ou presque. Retour sur une période noire où la faim et la soif ont tué et bouleversé les codes de vie de communautés entières.
Les famines des années 1940 ont marqué la mémoire collective de toute une génération de Marocains. En plus de l’épidémie comme événement, il s’agit aussi de repères forts dans la mémoire collective, et en particulier orale. Les épidémies ont souvent été utilisées comme moyens de datation. Selon l’éminent historien Abdelahad Sebti, 1945 affectera tout le Maroc et s’imposera comme «année des herbes» ou «‘Am al-Boun». L’une des catastrophes naturelles des plus sévères dont les Marocains se rappellent jusqu’à aujourd’hui est certainement le rationnement drastique des produits alimentaires des années 1940, précise Daniel Rivet dans son ouvrage «Le Maroc de Lyautey à Mohamed V, le double visage du Protectorat».
Le nord du Maroc connut dès la fin du XIXème siècle une série de disettes déclenchées par une ou plusieurs années sans pluies. Ces famines sont merveilleusement décrites par l’explorateur le Marquis René de Segonzac dans son célèbre «Voyages Au Maroc (1899-1901)», suite à sa visite du Rif. La période coloniale n’a pas été épargnée. Les années antérieures à la bataille d’Anoual en 1921 avaient donné de mauvaises récoltes et entraîné ainsi la famine. Le journal espagnol « El telegrama del Rif » du 27 novembre 1931 décrit la grande misère régnant dans la zone : «Les magasins de blé ont distribué des semences, mais il y en aura beaucoup qui ne pourront pas semer, car la misère est si grande qu’ils gardent une partie des grains reçus pour leur pain quotidien. Le mal s’accentue d’une façon désolante dans les tribus nomades qui vivent du bétail, et qui ont vu disparaître».
Par Mimoun Aziza
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