Proche de Mehdi Ben Barka, grand ami de la gauche marocaine, Fidel Castro, leader de la révolution cubaine, a aussi offert son soutien à l’Algérie pendant la Guerre des sables et reconnu le Polisario. Retour sur une relation tumultueuse.
Fidel Castro, leader de la révolution cubaine, s’est éteint, laissant derrière lui un souvenir complexe et contrasté. C’est aussi le cas au Maroc, où le « Lider Maximo » était une figure très appréciée dans la conscience populaire et proche de la gauche, tout en entretenant des relations tumultueuses avec le pouvoir. A son arrivée à la tête de Cuba, le communiste se voit imposer un embargo par les Etats-Unis. Le Maroc, pourtant pro-américain, maintient la ligne aérienne qui rallie La Havane en passant par Moscou et Rabat, et continue de lui fournir des céréales. En 1963, le Cubain, qui fait une petite escale au Maroc, rencontre Hassan II autour d’un petit-déjeuner, mais les divergences entre les deux chefs d’Etat sont très profondes. Plus tard, c’est la crise ouverte. Durant la Guerre des sables (1963) qui oppose le Maroc à l’Algérie, Fidel, grand ami de Ahmed Ben Bella, choisit d’apporter son soutien militaire aux Algériens. Très proche de Mehdi Ben Barka, Castro lui propose, en 1965, d’organiser et de présider la Conférence Tricontinentale qui devait avoir lieu un an plus tard. Hassan II enverra un émissaire à Castro pour lui demander de ne plus recevoir « son farouche opposant», au risque de stopper l’importation de sucre. Entre-temps, Mehdi Ben Barka disparaît, Fidel Castro désignera le pouvoir marocain comme responsable et ne lui pardonnera jamais. Enfin, le Lider Maximo n’a jamais soutenu le Maroc sur la question du Sahara, il a même reconnu la RASD en 1980 et ouvert les portes de ses universités aux étudiants sahraouis, ce qui lui vaut d’être traité de «dictateur» par Hassan II. Cela dit, même si Rabat a rompu ses relations diplomatiques avec Cuba en octobre 1963, les échanges commerciaux entre les deux pays ont été maintenus. Et la gauche marocaine conservera toujours la mémoire du révolutionnaire cubain, « une force de l’histoire ».