Bien qu’il n’existe pas d’appellation « Ministère de l’Intérieur », cette autorité a bel et bien été exercée par la puissance coloniale. Une administration symbole de la schizophrénie du Protectorat, cerné entre désir de faire survivre le vieux Makhzen et volonté de réforme moderne. Décryptage d’un fonctionnement à deux vitesses.
« S . M. le sultan admet dès maintenant que le Gouvernement français procède, après avoir prévenu le Maghzen, aux occupations militaires du territoire marocain qu’il jugerait nécessaires au maintien de l’ordre et de la sécurité des transactions commerciales et à ce qu’il exerce toute action de police sur terre et dans les eaux marocaines ». L’article 2 du Traité de Fès (1912) a le mérite d’être clair. Les prérogatives de ce que l’on appelle aujourd’hui le «Ministère de l’Intérieur» sont dévolues à la France, nouvelle puissance occupante. En réalité, seuls quelques restes de souveraineté, pour la plupart d’ordre religieux, semblent demeurer aux mains du pouvoir traditionnel marocain. La forme administrative que prend le Protectorat français est une question débattue depuis le début du XXème siècle. Ses contours se dessinent plus clairement avec la Conférence d’Algésiras en 1906, dont le texte final prépare le terrain à une domination franco-espagnole. À cette date, il est quasi impossible de faire un parallèle entre un ministère de l’Intérieur moderne et le fonctionnement de Dar Al Makhzen.
Par Sami Lakmahri
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