Le 3 novembre dernier, le ministère de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication, annonçait la découverte d’une ville enfouie depuis près de 2000 ans. Il s’agit de l’antique Sala, qui s’étale en aval du site de Chellah, au bord du fleuve Bouregreg. Depuis le printemps dernier déjà, l’INSAP (Institut Nationale des Sciences de l’Archéologie) travaille à mettre au jour des infrastructures dignes d’une grande cité antique. Zamane vous propose en exclusivité de remonter le temps à la découverte de Sala qui pourrait se révéler comme l’Atlantide marocaine…
« Ce bout de muraille, tout le monde le connaît. Sous le Protectorat, il bordait une route appelée chemin de Robinson, du nom d’un tenancier de bar qui avait érigé son établissement au bord du Bouregreg ». Abdelaziz Al Khayari retrace pour nous le récit d’une découverte qui sort de l’ordinaire. En nous faisant visiter le site de l’antique Sala, dont l’ampleur est en train d’être mise à jour, l’archéologue en charge du plus important site de fouille actuellement au Maroc, s’attarde sur une petite muraille. Ces pierres, nous explique-t-il, étaient le seul indice visible d’une ville deux fois millénaire. Aujourd’hui déblayée et nettoyée, cette tranche de muraille antique révèle enfin sa véritable identité. Une structure qui bordait l’un des quartiers de Sala, ou Sala colonia comme la nommait les historiens romains. Nous sommes en aval du site de Chellah, connu essentiellement comme la nécropole des sultans Mérinides (1244-1465) et devenu ces dernières années un haut lieu culturel et touristique de la capitale. Le fort, qui surplombe la vallée du Bouregreg sur sa rive gauche, est aussi connu comme un ancien site de la période romaine où ont été identifiés une voie principale, un forum, une fontaine monumentale, un arc de triomphe. Puis, durant l’Antiquité tardive, apparut une basilique chrétienne. Autant de signatures de la présence romaine qui posent néanmoins quelques questions : «Ce centre ne fait que cinq hectares. Mais alors, où se trouvent les maisons des notables, les quartiers populaires, les voieries et les murs d’enceintes ?», se demandait jusqu’il y a peu le professeur Al Khayari. Depuis le début des fouilles en avril dernier, des éléments de réponselui sont plus clairement apparus. Outre les questions de bon sens, plusieurs indices présupposaient déjà l’existence d’une structure urbaine qui s’étend bien au-delà des seules enceintes d’époque mérinide.
Par Sami Lakmahri, envoyé spécial
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