Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Archives du Maroc avait prévu une «grande surprise» à l’occasion du centenaire de la bataille d’Anoual (juillet 1921). Seulement, l’initiative de son directeur Jamaâ Baïda est restée lettre morte. Il y a quelques mois déjà, l’institution a demandé la restitution des archives personnelles de Ben Abdelkrim El Khattabi à la France. Ces précieux documents, probablement saisis avec la réédition du résistant rifain en 1926, demeurent inatteignables. Pourquoi et comment ? Explications avec Jamaâ Baïda…
Quelle est l’implication d’Archives du Maroc dans la commémoration du centenaire de la bataille d’Anoual ?
Nous avons programmé, dès décembre 2020, de réserver une grande surprise au public de la Galerie des Archives du Maroc en organisant une exposition dédiée aux «Archives de Ben Abdelkrim» conservées actuellement au Centre des Archives diplomatiques de France à la Courneuve, couplée avec une table ronde sur «La Guerre du Rif : Histoire et archives». Nous avons pensé naïvement alors que la partie française, avec laquelle nous entretenons des relations de coopération depuis 2013, ne verrait aucun inconvénient à restituer des documents qui ont été saisis sur un résistant marocain après sa reddition en 1926. Et dès le 16 janvier 2021, nous avons formulé officiellement notre demande, par la voie diplomatique, au directeur des archives diplomatiques de France. À ma grande surprise, je reçois, par courrier postal, une réponse datée du 16 avril qui parle de tout, sauf de l’objet précis de ma requête.
Quel est le contenu de cette lettre ?
En fait, c’est une lettre évasive dans laquelle monsieur le directeur des archives diplomatiques exprime sa volonté de coopérer avec les Archives du Maroc dans le cadre de colloques sur la Guerre du Rif prévus à Aix-en-Provence et à Rabat, et d’étudier les conditions d’une numérisation des papiers du leader rifain pour les rendre accessibles aux chercheurs intéressés au Maroc, en France , en Espagne et dans le reste du monde. Bien entendu, je suis tout à fait favorable à l’idée selon laquelle les archives sont un «patrimoine en partage», puisque la technologie d’aujourd’hui le permet aisément. Mais pour le cas des archives de Ben Abdelkrim, je demande leur restitution à leur pays d’origine. Ensuite, nous partagerons la version numérique avec tous ceux qui la souhaitent, au Maroc et ailleurs.
Propos recueillis par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’interview dans Zamane N°128