«Pas d’eau, pas de ville». La formule de Roger Le Tourneau. Avant l’ère moderne, la gestion de l’eau, cette denrée rare qui a fait et défait bien des dynasties, a toujours été d’une importance pour les Marocains. Gouvernants Et gouvernés.
L’eau est à la base de la vie et de toute civilisation. L’importance de cette denrée vitale est encore plus grande dans les milieux où elle se fait rare. C’est le cas des zones dites arides ou semi-arides comme la région nord-africaine. D’où le besoin qui s’est fait sentir très tôt dans notre histoire de la gérer avec le plus grand soin.
Si l’eau est une denrée rare sur la rive sud de la Méditerranée, elle l’est encore davantage dans les pays du Maghreb où l’homme doit faire face à une pluviométrie pas seulement faible, mais surtout capricieuse. D’où la nécessité de mobiliser les eaux souterraines afin d’atténuer les effets d’un climat souvent défavorable. L’avantage principal de la khattara était de drainer l’eau souterraine sur des dizaines de kilomètres tout en évitant l’évaporation excessive d’un acheminent à ciel ouvert.
Dans les parties méridionales du Maroc, la khattara était la formule magique qui faisait remonter l’eau des profondeurs de la terre. La technique vient de très loin, de la Perse où elle est connue sous le nom arabe de «qanat». Vieille de 3000 ans, elle permet d’amener l’eau souterraine à la surface du sol sans recourir à aucune une force humaine, animale ou mécanique. Tout repose sur le jeu de la gravité et la configuration du terrain.
D’autres noms lui été donnés en Asie centrale, notamment celui de kariz. De l’Asie, la technique s’est propagée vers le pourtour méditerranéen et l’Afrique du nord, pour arriver en Espagne musulmane où ses vestiges sont encore visibles dans ce qu’on appelait autrefois «l’Andalousie orientale», c’est-à-dire la région de Valence et les Iles Baléares. Au Maroc, c’est dans le Haouz de Marrakech qu’elle a connu ses temps de gloire et ce depuis sa fondation avec l’avènement des Almoravides.
Par Mohamed El Mansour
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