Contrairement à beaucoup d’autres célébrités qui ont posé leurs valises au Maroc, Pier Paolo Pasolini y a laissé une trace. Parce qu’il l’a aimé, tout simplement.
L’histoire de Pier Paolo Pasolini et du Maroc est d’abord celle d’un homme passionné, rebelle, poète dans l’âme. En 1966, le cinéaste fait lever à la fois d’admiration et de dégoût l’Italie entière. L’admiration parce que l’artiste, alors jeune (44 ans), a déjà derrière lui une poignée de films admirables, dont deux chefs d’œuvre absolus (« Accatone » en 1961 et « Mamma Roma » en 1962). En plus de nombreux textes publiés, essentiellement des essais, des poèmes et des articles de presse. Le dégoût parce que « 3P » est un théoricien et un radical. Il a un discours non seulement sur l’art et le cinéma, mais aussi sur la politique, la religion, la vie. Ce discours est extrême, parfois violent. Son ancrage politique (Pasolini est communiste), sa différence sexuelle (il est homosexuel) alimentent ce discours et le nourrissent comme de l’huile sur le feu. L’Italie est alors un pays en pleine mutation. Le boom industriel et financier dans le nord du pays a créé d’énormes décalages entre les riches et les autres. Politiquement, le communisme croise le fer avec la démocratie chrétienne, en ces temps prérévolutionnaires (les Brigades rouges, qui vont exploser à la face de l’Italie entre la fin des années 1960 et le début des années 1970, sont en pleine gestation). Culturellement, la «botte italienne» voue un culte à des écrivains qui la découpent pourtant au scalpel, ou presque (les Dino Buzzati, Alberto Moravia).
Karim Boukhari
Lire la suite de l’article dans Zamane N°92