Pendant que la jeunesse américaine et européenne succombaient à la vague du psychédélisme, les Rolling Stones s’échappaient au Maroc. Un épisode très spécial que le guitariste du groupe légendaire, Keith Richards, raconte crûment mais non sans tendresse dans sa biographie, « Life », publiée en 2010. Morceaux choisis.
C’est en 1966 que tout a basculé, on avait le sentiment que quelque chose allait se produire, et ça a fini par arriver, avec les émeutes dans la rue et tout ça. La tension était palpable. C’est comme les ions positifs et négatifs avant l’orage, on a du mal à respirer, ça va péter. On a décidé plus tard de quitter l’Angleterre et on s’est dit que ce serait bien de trouver un endroit où on pourrait se défoncer sans avoir de pépin avec la justice. La décision a été prise comme ça, sur un coup de tête: «Prenons la Bentley et filons au Maroc». C’était début mars 1967. Brian Jones (guitariste des Rolling Stones, mort en 1969, ndlr) et Anita Pallenberg (petite amie de Jones, ensuite de Richards, ndlr) avaient visité le Maroc l’année précédente, en 1966. On a Anita et moi passé la nuit à Valence, en s’inscrivant à l’hôtel sous le nom du comte et de la comtesse Ziguepuss, et on a fait l’amour. De là, on a continué vers Algésiras -on était le comte et la comtesse Castiglione maintenant-, puis on a débarqué à Tanger et on s’est installés à l’hôtel El Minzah. Sur place, on a retrouvé Robert Fraser, William Burroughs, Brion Gysin, un ami de Burroughs appartenant aussi au gratin londonien, et Bill Willis, un décorateur spécialisé dans les palaces d’exilés. Nous attendait également une pile de télégrammes de Brian sommant Anita de revenir le chercher. Pas question de quitter la Casbah pourtant. Pendant une semaine, dans notre petit coin du Maroc, on était comme des lapins, mais on se demandait aussi comment on allait faire face.
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