Si le Maroc s’est retrouvé piégé au cœur d’un vaste système d’exploitation sexuelle, il n’est évidement pas le seul. Le Maghreb dans son ensemble est la cible d’une vision orientaliste qui permet d’assouvir les fantasmes coloniaux. Les dérives ont d’ailleurs sévi plus longtemps chez nos voisins, colonisés depuis le XIXème siècle…
À Paris, en l’an 1900, le «monde civilisé» peut admirer l’exotisme des territoires soumis par la puissance française. L’Exposition universelle organisée dans la capitale transforme les écrits, photographie et œuvres picturales en réalité palpable. Les visiteurs sont particulièrement nombreux autour du pavillon algérien, l’un des plus prisés de l’exposition, placé au cœur des jardins du Trocadéro. Si certains entrepreneurs viennent y constater le développement des chemins de fer ou les possibilités d’investissements, la majorité du grand public est en quête de dépaysement. La fascination pour l’Orient n’a jamais été aussi vive. Les familles viennent profiter de l’occasion pour s’attabler dans les cafés maures du pavillon en attendant le clou du spectacle, une représentation folklorique de la « culture» algérienne. Les déhanchés endiablées des femmes «orientales » ne laissent personne indifférent. Autant que l’attractivité économique, celle du fantasme sexuel participe pleinement au «recrutement de colons», principal objectif de ces expositions universelles.
Qualifiées de « zoos humains », ces manifestations alimentent le fantasme occidental d’un paradis sexuel promis à ceux qui viendraient le peupler. Dans l’ouvrage collectif «Sexe, race et colonies» publié récemment, les auteurs exposent une analyse troublante qui recentre la sexualité au cœur du processus colonial. Une réflexion basée sur l’abondance des clichés et des œuvres picturales à caractère érotique et pornographique. Le cas du Maghreb s’inscrit dans le courant « orientaliste » né dans la littérature et l’art occidental du XVIIIème siècle.
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