L’épisode du rapt des fils du pacha El Glaoui, au lendemain de l’Indépendance, a été un moment de confrontation entre le gouvernement et le sultan. Retour sur les séquences troubles d’un mystérieux enlèvement.
Dans l’après-midi du mercredi 1er mai 1957, une nouvelle incertaine se répand comme une traînée de poudre dans tout le Maroc. Des fils de Thami El Glaoui, le puissant pacha de Marrakech décédé en janvier 1956, ont été enlevés. Mais au fur et à mesure que la journée avançait, les nouvelles, encore incertaines, qui tombaient sur les bureaux du gouvernement marocain à Rabat se confirmaient les unes après les autres. À la fin de la journée, l’information est vérifiée. Des fils d’El Glaoui et d’autres membres de leur famille ont bel et bien été kidnappés. Un commissaire de la sûreté nationale, un Français, et son adjoint marocain, qui s’étaient rendus un peu plutôt à Dar El Glaoui à Marrakech, avaient constaté que l’immense résidence de cette puissante famille du sud du Maroc était occupée par des éléments en armes qui disaient appartenir à l’Armée de libération(AL). Commence alors un imbroglio politico-judiciaire qui allait durer un an et demi et mettre à mal les difficiles relations entre le sultan Mohammed V et l’Istiqlal, dont cette Armée de libération se prétendait l’émanation.
La grande rafle
Dès le début de cette crise, le sultan considéra qu’en s’attaquant aux Glaoui, l’Istiqlal ou, pour garder les formes, ces éléments de l’Armée de libération, dits « incontrôlés », s’attaquaient en fait à son autorité et brimaient sa légitimité. Car, en faisant acte d’allégeance au sultan à Saint-Germain-en-Laye (France), Thami El Glaoui avait demandé et obtenu la protection du souverain sur les siens.
C’est dans la matinée du 1er mai 1957 que tout débute. Des éléments de l’AL, munis de mitraillettes, s’infiltrent par petits groupes dans le grand parc du palais EL Glaoui.
Par Adnan Sebti
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