Après quatre siècles d’existence (752-1149), la mystérieuse principauté des Berghouata a disparu aussi soudainement que brutalement. Longtemps honnie dans l’historiographie du Maroc, cette communauté à la religion jugée déviante a-t-elle été victime d’un nettoyage ethnique par ses ennemis ? Bien que la terminologie soit contemporaine, la question mérite tout de même d’être posée…
Au début des années 1990, le territoire de l’ex-Yougoslavie est en proie à une guerre brutale qui mêle conflit politique et ethnique. En supériorité militaire, la milice serbe menée par Slobodan Milosevic met en place une forme de répression jamais vue depuis la seconde guerre mondiale. Elle entend selon sa propre terminologie «purifier» ou «nettoyer» le territoire qu’elle estime le sien. Les victimes sont en grande majorité issues de la population musulmane de Bosnie. Entre 1991 et 1993, le bilan fait état de plusieurs dizaines de milliers de morts et d’un peu plus d’un million de déplacés. La barbarie perpétrée en ex-Yougoslavie a, non seulement indigné la communauté internationale, mais l’a également poussée à une mise à jour de son registre juridique concernant les crimes de grande ampleur. Ainsi, une commission d’experts des Nations-Unies chargée d’examiner les violations du droit international humanitaire a, dans son rapport, défini le nettoyage ethnique comme le fait de «rendre une zone ethniquement homogène en utilisant la force ou l’intimidation pour faire disparaître de la zone en question des personnes appartenant à des groupes déterminés».
Dans son rapport final, cette même Commission a décrit le nettoyage ethnique comme «une politique délibérée conçue par un groupe ethnique ou religieux visant à faire disparaître, par le recours à la violence et à la terreur, des populations civiles appartenant à une communauté ethnique ou religieuse distincte de certaines zones géographiques». Des crimes que l’on pourrait qualifier comme étant «contre l’humanité», sont légion.
Par Sami Lakmahri
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