Son père aurait voulu qu’elle porte son nom. Un nom légendaire qui aurait probablement changé le cours de son existence. Mais de lui, Marcelle ne garde qu’un prénom et quelques souvenirs épars. Un père affectueux mais souvent absent et pour cause. Dans les années 1940, Marcel Cerdan est déjà une icône en France mais aussi au Maroc. Celui qui deviendra champion du monde des poids moyen en 1948, meurt tragiquement quelques mois plus tard, au somment de sa gloire. À Casablanca, Marcelle nous raconte comment elle assiste comme une «spectatrice» aux gigantesques funérailles du «bombardier marocain». Dans cet entretien inédit, la fille cachée de la légende revient sur son histoire où se mêlent des noms mythiques comme ceux de Marcel Cerdan ou d’Edith Piaf…
Peu de gens connaissent votre existence. Rappelez-nous qui vous êtes…
Je suis Marcelle de Souza, l’ainée des enfants de Marcel Cerdan. Je suis née le 20 juillet 1943 à Casablanca. Mes parents se sont aimés sans jamais se marier. Mon statut n’est donc pas reconnu par la justice. À Casablanca, ville que je n’ai jamais quittée, tout le monde savait pourtant qui j’étais. Aujourd’hui, avec le temps passé, les gens le savent moins. Je ne cherche pas à le faire savoir mais j’ai accepté de témoigner, pour la mémoire, suite à votre sollicitation.
Quelle est l’histoire de vos parents ?
Mes parents sont tombés amoureux avant le mariage de mon père et de Marinette Lopez en 1943. On m’a révélé plus tard que ce mariage a été en quelque sorte arrangé par les frères de Marinette. D’ailleurs, le jour de la cérémonie, ma mère était déjà enceinte de moi. Elle tenait à ce que tout le monde sache que Marcel Cerdan a, non seulement eu une relation amoureuse, mais également un enfant à naître. C’est pour cela qu’elle a fait distribuer un mot à chacun des invités les informant de cela, en faisant jouer la connivence avec l’orchestre qui s’est arrêté de jouer durant la distribution de ces enveloppes préparées par ma mère. À l’intérieur, une phrase été rédigée : «Marcelle vient de naître». J’imagine que cet évènement a dû plomber l’ambiance…
Propos recueillis par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’interview dans Zamane N°121