Depuis sa création, en 1947, la CIA s’est toujours intéressée au Maroc. Les relations qui ont pu lier la Centrale au royaume sont le reflet, quelque part, des liens entre le Maroc et les Etats-Unis. Ces liens ont toujours été complexes et leur longue histoire ne ressemble pas à un fleuve tranquille. Tantôt au beau fixe, tantôt agitée, ou animée par des faits contradictoires, la relation est passée par plusieurs étapes, et tournants, dès la période du Protectorat, en passant par la phase très délicate de l’immédiate post-indépendance. Elle a traversé des zones de forte turbulence, comme au lendemain des deux coups d’Etat, en 1971 et 1972, où le jeu de la CIA (et plus généralement de l’Amérique) n’a pas été très clair. Sans oublier les contextes particuliers, et toujours difficiles à négocier, qu’auront été les changements de règne, de personnel politique, ou le début et la fin de la guerre froide.
Zamane vous rapproche de cette histoire à part, aujourd’hui vieille de 70 ans, avec ses coups d’éclat et ses zones d’ombre.
Janvier 1942. Alors que le monde est en pleine Seconde guerre mondiale, une rencontre de la plus haute importance a lieu à Washington. Les états-majors des Alliés, le Royaume-Uni et les Etats-Unis d’Amérique, tiennent une réunion secrète : la conférence Arcadia. Au cours de celle-ci, Franklin D. Roosevelt, président américain, et Winston Churchill, Premier ministre britannique, désignent l’Allemagne comme étant le principal ennemi à abattre (« Germany first») et optent pour un débarquement en Afrique du Nord française. Objectif ? Reprendre le contrôle de la zone méditerranéenne, « le bas-ventre mou de l’Europe » selon l’expression consacrée de Churchill. Nom de code retenu ? Opération Torch.
Pour mener ce plan à bien, encore faut-il disposer d’un service de renseignement sur place afin de contrer les forces de Vichy et les Nazis, surveiller de près l’attitude de Francisco Franco (son pays est à quelques kilomètres des côtes africaines, mais le dictateur espagnol ne joue pas franc jeu), obtenir une reconnaissance parfaite du terrain et de ses infrastructures, et, pourquoi pas, nouer des alliances avec des Français anti-Vichy ou des nationalistes maghrébins. Le 13 juin 1942, l’Office of Strategic Services (l’OSS) voit donc le jour aux Etats-Unis. Pour ce pays, fervent partisan de l’isolationnisme, il s’agit là de sa toute première agence de renseignement extérieur, l’ancêtre de la CIA (Central Intelligence Agency).
Par la rédaction
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