Pour résumer, si dans certaines contrées d’islam, la femme est à la maison et pas sur les bancs de l’école, pas plus que dans les livres d’Histoire, c’est parce que l’art de la guerre, particulièrement nécessaire dans ces régions pour accumuler des richesses, lui a été refusé. Elle a ainsi été privée de faire partie du club des vainqueurs.
Comme toujours, la règle a ses exceptions. Et aussi loin que remonte notre histoire connue, il y a des « grandes dames », des personnages qui illustrent à quel point l’individu, qu’il soit homme ou femme, peut influer sur le cours des choses. Le souvenir de ces grandes dames est malheureusement trop peu convoqué et, trop souvent, ces femmes d’envergure illustrent une exception à laquelle ne peuvent s’identifier les jeunes filles d’aujourd’hui. Car quand elle se conjugue au féminin, l’exceptionnalité rime souvent avec malheur : le malheur de la riche veuve qui, trouvant la voie de Dieu,devient une grande bâtisseuse, celui de la mère courage d’un militant tué au combat, celui de la sainte qui accède au martyre ou de la vierge taxée de sorcellerie… Rares sont finalement celles qui, liées au pouvoir, en ont goûté les délices dans la quiétude et la paix. Souvent, si elles sont entrées dans l’histoire, c’est par leur destin tragique ou irrémédiablement lié à celui d’un grand homme. Les femmes des héros n’ont-elles pas leur part de gloire ?
De loin en loin, l’histoire ne retient plus que la fureur des batailles et le bruit des armes, elle oublie les tractations intimes et les froufrous de salons où se meuvent toutes sortes d’ambitions féminines. Elle se souvient du sultan, fût-il faible ou éphémère, alors qu’elle oublie jusqu’au nom de sa mère. Cette mère qui s’est battue pour le placer sur le trône, qui a intrigué pour obtenir les faveurs du père et qui a vu sa volonté triompher jusqu’à imposer son rejeton à tout un peuple. Ainsi l’histoire des grandes dames s’écrit-elle souvent à l’ombre des grands hommes… mais sans doute plus pour très longtemps.
Par Souleiman Bencheikh
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