Grand militant de gauche et figure de proue de la résistance, Mohamed Bensaid Aït Idder vient de publier le premier tome de ses (très attendues) mémoires. Morceaux choisis.
La terreur du fqih
Je suis né au village de Tinmansour à Chtouka Ait Baha dans une famille modeste, vivant de l’agriculture et du commerce, et qui jouit néanmoins d’une grande influence dans la région. Très tôt, j’ai été privé de la tendresse de ma mère puisque je l’ai perdue à l’âge de 6 ans. Mon père s’est remarié peu de temps après. J’ai ensuite quitté mon village au début des années 1940 pour rejoindre l’école Sidi Mohamed Chichaoui où, la plupart du temps, les enseignants étaient absents. Les études se déroulaient d’une manière traditionnelle, mais les enseignants traduisaient les cours en amazigh. J’avais des difficultés à prononcer les mots en langue arabe, je n’ai réglé ce problème que lorsque je me suis déplacé à Marrakech pour poursuivre mes études à l’école Ben Youssef. Mon père était rigoureux avec nous en ce qui concerne nos études, il avait donné son feu vert au fqih pour utiliser la violence et la « torture » – il utilisait parfois un stylo pincé. J’avais très peur, j’étais terrorisé. Ce fqih était l’une des raisons qui m’ont fait quitter mon village natal.
En souvenir de Farhat Hached
En décembre 1952, j’ai décidé de me rendre à Rabat pour établir le contact avec le journal « Al Alam ». Je voulais m’assurer que mon témoignage sur les évènements qui se sont déroulés dans le sud soit publié et connu de tous. Mon déplacement a coïncidé avec le meurtre du syndicaliste tunisien Farhat Hached. Je me suis donc retrouvé en plein milieu des troubles engendrés par cet évènement inattendu. Alors que je tentais de rejoindre mon village, les autorités m’ont arrêté en même temps que les principaux leaders du parti de l’Istiqlal et du parti communiste. C’est à cette occasion que les militants de l’indépendance ont décidé de passer à la lutte armée. L’opinion publique a rapidement suivi, motivée par l’affaire Ahmed Hansali, un berger du Moyen-Atlas qui s’est dressé seul face à l’armée d’occupation.
Lire la suite de l’article dans Zamane N°97 (décembre 2018)