L’écrivain américain Paul Bowles vit à Tanger lorsque le Maroc devient indépendant. Paniqué à l’idée que la modernisation ne détruise la musique traditionnelle du pays, il procède à des enregistrements d’une valeur inestimable. La Librairie du Congrès américain vient de déterrer ce trésor.
Sobrement intitulée « Music of Morocco », la compilation musicale récoltée par Paul Bowles est enfin sortie des tréfonds de la Libraire du Congrès américain. L’écrivain et compositeur a vécu à Tanger entre 1947 et 1999, année de sa mort. Passionné de musique, l’auteur d’« un thé au Sahara » a sillonné le royaume à la recherche d’authenticité. C’est finalement au cœur du Rif, dans le village millénaire de Jahjouka, que l’écrivain tombe dans l’enchantement d’une musique mystique. Reconnus depuis le VIIIe siècle, les rythmes des Jahjoukas revêtent un caractère presque sacré dans la région. En 1959, l’Américain fait une tournée dans les villages marocains où il enregistre les musiques traditionnelles. Celle des Jahjoukas retient particulièrement son attention. En 1968, Brian Jones, guitariste des Rolling Stones, effectue également son pèlerinage dans le village riffi. A sa mort, les membres de son groupe mythique lui rendent hommage en lui emboîtant le pas. La bande à Mick Jagger contribue ainsi à la renommée des Jahjoukas. Aujourd’hui, un plus large public peut à son tour découvrir une musique profonde et authentique.