Lancée en 2001, l’opération Marhaba pour l’accueil des MRE qui viennent passer l’été au Maroc, vit une drôle de saison 2021. Perturbée par la double crise diplomatique et sanitaire avec l’Espagne, le défi est cette année des plus relevés. Brève histoire d’une opération unique en son genre…
Le port d’Algésiras est désespérément vide en plein été, cette saison. Une image insolite, mais qui incarne parfaitement la situation entre les deux rives du détroit de Gibraltar. Une saison estivale glaciale. En temps normal, le port espagnol le plus au sud de l’Europe est en effervescence. À titre de comparaison, plus d’un demi-million de MRE sont entrés par le seul port de Tanger Med en 2019 selon les chiffres du ministère de l’Equipement et du transport. Si la situation sanitaire n’aurait de toute manière pas permis une entrée massive des MRE, le divorce entre Madrid et Rabat n’a certainement pas arrangé les choses. L’opération Marhaba 2021, dans son volet maritime, se joue donc essentiellement depuis les ports français et tourne au ralenti. C’est une première depuis son lancement à l’été 2001. Cette initiative du début du millénaire est celle de La Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger. Elle vise «à accompagner, dans les meilleures conditions, les flux croissants des Marocains résidant à l’étranger à leur retour au Maroc, pendant la période estivale», selon le site internet de la fondation créée en 1990 par le roi Hassan II et présidée la princesse Lalla Meryem. Car l’intérêt pour les MRE ne date pas des années 2000. Leur accueil est, depuis longtemps déjà, un enjeu social mais aussi et surtout économique. Leurs investissements dans leur pays d’origine et les transferts d’argent qui y sont envoyés tournent autour de 6.5% du PIB depuis 25 ans, selon les chiffres de la Fondation.
Outre cette manne économique vitale, le soin porté au retour estival des MRE permet de contribuer au maintien du lien entre le Maroc et ses citoyens résidants à l’étranger. Une attache qui tend naturellement à faiblir avec les secondes et troisièmes générations d’immigrés marocains. C’est précisément la tâche qui incombe déjà à la Fondation HassanII pour les MRE dès sa création en 1990. À cette date, l’Etat met en place un plan quinquennal intitulé «opération transit», ancêtre de «marhaba». Cette dernière devient dès lors une institution à part entière entièrement dédiée au retour des MRE. En 1996, le Maroc étoffe son dispositif en faisant participer d’autres institutions à ce programme, dont le service social des Forces armées royales. Pour parfaire l’opération, le transit s’établit également en Europe dès la fin des années 1990. Sur les principaux sites espagnols, français et italiens, elle offre aux MRE une assistance administrative et médicale. Depuis son lancement, l’action d’accueil des immigrés marocains semble atteindre ses objectifs. D’après un rapport produit par le CCME (Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger) et publié en 2010, 70% des MRE de première génération déclarent se rendre au Maroc au moins une fois par an. La question des dispositifs d’accueil devrait être de plus en plus stratégique pour le royaume, qui va sans doute poursuivre ses efforts dans le domaine. Rendez-vous donc en 2022.