Le patrimoine renvoie généralement à un certain nombre d’idées et de représentations comme l’héritage culturel, l’identité collective et les différents supports qui permettent à la collectivité de se repérer vis-à-vis de son passé et de sa trajectoire historique. Toutes ces fonctions expliquent l’impératif de la protection du patrimoine et sa défense contre tous les risques de destruction ou de dépérissement.
Àun autre niveau, la définition institutionnelle de la protection du patrimoine date de l’époque du Protectorat, dans un contexte précis qui instaure un clivage entre l’enserrement de la « médina » et l’expansion de la «ville nouvelle». Mais alors, comment caractériser notre tradition historique par rapport au patrimoine ? Comment expliquer une tradition d’insouciance et de négligence vis-à-vis des richesses architecturales ? Les mots eux-mêmes ne vont pas de soi. Tourath, équivalent actuel de «patrimoine», ne désignait pas à l’origine l’édifice et l’espace bâti. Il renvoie plutôt à la tradition savante arabo-islamique, à un patrimoine idéel qui ne coïncide pas avec la définition récente que l’UNESCO a donnée au «patrimoine culturel immatériel». Celui-ci comprend différents héritages comme la littérature orale, les danses, les rituels festifs, les traditions artisanales, culinaires et pharmaceutiques. Dans le cas du Maroc, cela revient à réhabiliter entre autres les dimensions amazighe et juive du patrimoine.
Par Abdelahad Sebti
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