La fin de décembre de l’année 2022 a vu l’organisation de la cérémonie de la remise du Prix National des Arts Plastiques au Maroc. Il s’agit de la première édition de ce rendez-vous qui, selon le texte fondateur, deviendra annuel. Huit heureux concurrents ont eu le bonheur d’être élus et récompensés par trois jurys composés d’artistes, de spécialistes de l’art et de gestionnaires des instituions artistiques publiques.
Le concours a été mis en place selon le texte publié dans le Bulletin Officiel du Royaume du Maroc, daté du 16 avril 2020. Le texte stipule «qu’il s’agit d’un concours des jeunes pour l’obtention d’un prix national pour la peinture, la sculpture et la photographie. Il est organisé en deux étapes : régionale puis nationale». Il vise par ailleurs à «distinguer et mettre en évidence des talents et des potentialités dans le domaine. Enrichir l’action culturelle».
C’est la Direction des Arts du ministère de la Culture, division des Arts Plastiques, qui s’est chargée de l’organisation matérielle et technique du concours, en partenariat avec les directions régionales du même ministère. Les présélections ont commencé dans les régions avec des jurys locaux avant de remonter vers l’administration centrale. Six régions seulement sur les douze, que comporte le territoire marocain, ont été représentées par des artistes qui ont pu traverser le désert de la présélection. Il s’agit des régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Casablanca-Settat, Souss-Massa, Fès-Meknès, Rabat-Salé-Kénitra et Darâa-Tafilalet. Les régions de Casablanca-Settat et Tanger-Tétouan-Al Hoceima sont arrivées en tête avec plus d’un lauréat. Ceci s’explique, probablement par la présence de deux instituions de formations artistiques dans ces régions : l’École des Beaux-Arts de Casablanca et l’Institut des Beaux-Arts de Tétouan.
Les lauréats seront à coup sûr convoités par les galeries et les marchands d’art. Mais on déplore, comme on a dû le remarquer, leur absence sur la liste des partenaires. Le ministère de la culture a alloué une enveloppe de 1.200.000 dirhams pour piloter cette opération, dont une somme importante pour les prix attribués aux lauréats. Je ne sais pas si le ministère a cherché à impliquer les acteurs artistiques ou si ce sont eux qui n’ont pas été sensibles à une telle opération. Non seulement ils auraient pu fournir la logistique adéquate (cimaises et espaces) pour montrer et présenter convenablement un travail artistique, mais leur regard et leurs expertises, vu leur relation directe avec les artistes et le marché de l’art, auraient pu être des éléments importants pour la carrière des jeunes artistes.
L’intérêt de ce genre d’action est le fait de donner la possibilité à des jeunes talents, cachés dans des régions excentrées (Tafilalet, Darâa, Figuig, les régions du Sud), de remonter vers les Centres de l’activité artistique. Cette première édition donnera à réfléchir aux organisateurs et aux partenaires potentiels.
Par Moulim El Aroussi