Dès son avènement, le Protectorat a mis en place une organisation du travail censée offrir et réguler congés et vacances. Mais ces mesures ne concernent que rarement les Marocains qui, en attendant, perpétuent des activités récréatives ancestrales durant leur temps libre. Il faut attendre les années 1940 et le combat nationaliste pour parler d’une modernisation dans ce domaine…
Des vacances pour les «indigènes» ? La question aurait probablement fait sourire dans les milieux d’affaires coloniaux au début du Protectorat en 1912. Bien que l’entreprise de la France au Maroc se fait alors sous couvert de «mission civilisatrice», il n’est pas encore question d’octroyer des droits sociaux aux six millions de Marocains qui peuplent alors le royaume. D’autant que l’achèvement officiel du processus de colonisation n’intervient qu’en 1934 avec la fin de la «pacification», soit la soumission de l’ensemble des tribus rebelles au nouveau régime établi par Paris. Autant dire que la durée légale du temps de travail, et moins encore les congés payés, sont loin de faire partie des priorités des autorités du Protectorat. De fait, la première moitié de la période coloniale ne transforme pas radicalement les habitudes des Marocains dans leurs activités durant leur temps libre. Des décrets sont bien publiés dès le départ de la période coloniale, comme celui du 12 Août 1913 qui concerne le code des obligations et des contrats, ou encore ceux les deux de l’été 1926 qui abordent la question des salaires et d’autres modalités, mais il ne concerne qu’un tissu industriel encore trop peu développé. L’immense majorité des Marocains continuent donc d’occuper leur temps libre selon un rythme saisonnier dicté par des cycles naturels.
Par Sami Lakmahri
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