À la fin de l’année 1925, des pilotes américains bombardent le nord du Maroc alors plongé dans la guerre du Rif. Pourtant, les états-Unis ne sont pas engagés dans ce conflit et leur opinion publique est favorable à la lutte armée d’El Khattabi. Récit d’une incartade impérialiste…
À10h58 très exactement, le major Charles Sweeney, aux commandes d’un bombardier B29 Superfortress, donne l’ordre à son équipage de larguer «Fat Man». Nous sommes le 9 avril 1945 et la seconde bombe atomique américaine terrasse le Japon. Le bombardement de Nagasaki aurait tué 40.000 civils, mais précipite la fin du plus sanglant conflit de l’Histoire de l’humanité. Ce raid entré dans l’histoire a été confié à un pilote chevronné qui a laissé son nom dans les annales militaires. Ce qui est en revanche moins connu de la carrière de Charles Sweeny, dit Chuck, c’est un autre bombardement, moins médiatisé cette fois, et survenu vingt ans plus tôt.
Entre septembre et décembre 1925, l’officier et son escouade de jeunes pilotes américains survolent et frappent villes et villages, dans le nord du Maroc. Mais contrairement aux raids contre le Japon, cette offensive n’enthousiasme personne en Amérique, bien au contraire. L’opinion publique, la presse ainsi que le gouvernement sympathisent avec les résistants rifains et fustigent l’agression menée par ceux qu’ils appellent des «mercenaires». Comment se fait-il alors que des soldats d’un pays qui n’est impliqué dans aucune manœuvre coloniale sur le sol chérifien se permettent-ils de déchainer une telle violence ? Dans quel cadre évoluent-ils et quelles sont les conséquences de leur présence au Maroc ?
Lorsque Charles Sweeney et sa dizaine de camarades compatriotes débarquent en terres chérifiennes, le nord du pays est en situation de guerre. Depuis le début des années 1920, une insurrection anticoloniale secoue d’abord les autorités espagnoles en zone nord puis celles françaises plus au sud. Face aux succès répétés du leader rifain Ben Abdelkrim El Khattabi et de ses troupes, les deux puissances européennes choisissent de s’allier pour faire face à l’éphémère et insolente République du Rif.
Par Sami Lakmahri
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Je viens de voir votre article sur charles sweeney et le bombardement du rif … je me permets de vous faire le sweeney du rif n’a rien à voir avec le sweeney de nagasaki…..