L’Italie de la moitié du XXème siècle cherche l’amour. Après avoir suscité la haine durant la Deuxième Guerre Mondiale, le pays se lance dans une grande opération séduction. Le Maroc fait partie de ses cibles prioritaires. Certaines de ses élites entreprennent alors de charmer le royaume fraichement indépendant. Pourquoi et comment ?
En janvier 1957, le roi Mohammed V embarque pour son premier déplacement à l’étranger en tant que souverain d’un pays indépendant. Ce n’est ni en France ni aux Etats-Unis, ni même dans un pays arabe qu’il se rend, mais en Italie. Bien qu’elle soit d’ordre privée, cette première visite est tout de même symbolique. De nombreux observateurs se demandent d’ailleurs pourquoi le roi rend ainsi hommage à un pays qui semble ne plus avoir d’influence au Maroc depuis l’époque romaine antique ? Un pays qui, quelques années plus tôt, a combattu en tant qu’allié de l’Allemagne nazie et donc contre les troupes coloniales françaises dont des milliers de Marocains. Durant la guerre, les Italiens ne retiennent d’ailleurs des goumiers chérifiens que la bataille de Monte Cassino au printemps 1944 lors de la campagne d’Italie. Au cours de cet épisode, l’un des plus sanglants des débarquements alliés en Europe, les troupes marocaines parviennent à conquérir le principal point de défense de l’Axe au centre de la Botte. Sous le commandement du général Juin, futur Maréchal et Résident Général au Maroc entre 1947 et 1951, les soldats marocains révèlent une spectaculaire aptitude à combattre en zone montagneuse. Si le haut commandement allié les couvre d’éloges et de médailles, la mémoire de leur passage est plus douloureuse pour les civils italiens. Les travaux d’historiens attestent aujourd’hui de l’ampleur des exactions commises par les troupes alliées, notamment les goumiers venus du Maroc.
Par Sami Lakmahri
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