À défaut d’abondance de sources historiques capables de nous raconter le Maroc des siècles oubliés, les vestiges de cette époque sont peut-être un peu plus loquaces. Les archéologues qui les font parler traduisent le récit d’un chapitre aussi sombre qu’agité.
Des murs d’enceinte de mauvaise qualité et surtout construits à la hâte. Des traces de guerres et d’incendies. Des restes de cultes monothéistes primitifs. La partie la plus spectaculaire des vestiges de la période entre l’Antiquité et le Moyen Âge est, semble-t-il, teintée de violence et mysticisme. Les minces éléments qui nous aident à comprendre ce récit oublié est à chercher dans d’anciennes ruines, voire sous la terre. Une mission dévolue aux archéologues qui apparaissent aujourd’hui les plus à même à percer les nombreux mystères de ces siècles sombres, qui entrecoupent le récit d’une histoire marocaine presque linéaire. Avec le départ des Romains à la fin du IIIème siècle, les historiens et savants de l’Empire cessent de s’intéresser au cas des confins de la Maurétanie. Leurs écrits se consacrent désormais aux vicissitudes de la lente agonie de Rome. Quant aux hagiographes musulmans qui sévissent vers la fin du VIIIème siècle, les récits de cette «jahilia» marocaine ne sont pas dignes de figurer dans les chroniques. Les raids militaires et la sacro sainte mission d’étendre la bannière de l’Islam apparaissent comme bien plus prioritaires.
Par Sami Lakmahri
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