À chacun ses vacances. Avant l’arrivée des Européens, et après leur départ aussi, les Marocains possèdent leur propre manière de «partir en vacances». Zoom sur le cas particulier d’El Jadida, dont le modèle se retrouve dans d’autres villes et régions du royaume.
Sur une plaque en marbre noir, au fond du Parc Lyautey, rebaptisé Mohammed V après l’indépendance, on peut encore lire : «Ici Lyautey déclara, en 1914, je ferai de Mazagan le Deauville marocain». Les estivants qui accèdent à la plage, par le chemin central du parc, peuvent avoir le loisir de lire cette solennelle déclaration boulonnée sur un muret adossé à la plage. En prononçant ceci, le Maréchal ne pensait certainement pas aux Marocains. Ces derniers, et surtout les habitants de la ville et ses environs, avaient d’autres formes de congés et d’autres manières de passer les vacances estivales. Effectivement, la plage d’El Jadida allait ressembler à Deauville. Les autorités françaises avaient procédé à la création d’un casino inspiré de celui, historique, de la plage Deauville afin d’exaucer le vœu du futur Maréchal. Cette institution de jeu et de divertissement allait attirer un grand nombre de visiteurs venus du Maroc entier, et de Casablanca plus particulièrement.
Le Casino de Mazagan fut construit sur pilotis, il trônait sur un rocher au milieu des flots. Les habitués de ce lieu venaient en famille et profitaient autant du jeu que des plaisirs de la plage. L’iconographie que nous rencontrons, souvent d’une manière aléatoire, montre une population d’Européens, hommes et femmes, qui se délassent en prenant des bains de mer ou de soleil. Il est très difficile de se prononcer sur le taux de fréquentation de cette étendue magnifique de sable qui, va du port aux confins de l’actuelle Haouzia. Mais des récits individuels, sur les réseaux sociaux, œuvres d’Européens ou de Marocains juifs, relatent les ambiances que vivait ce lieu.
Par Moulim El Aroussi
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