En prétendant un messianisme tant attendu, l’imam Ibn Toumert va bouleverser le cours de l’histoire du Maroc. Pour cela, le fondateur de la dynastie Almohade se nourrit d’un long voyage initiatique qui le mène par-delà les mers. Récit d’un périple aussi mystique que politique, qui résume parfaitement la vie et l’œuvre d’un homme au destin incroyable.
Nul n’est prophète en son pays. Si cette expression biblique sied à la vie de Jésus, moqué à son retour dans sa cité natale de Nazareth, ou encore à Muhammad prophète de l’Islam, farouchement combattu par la tribu mecquoise de Quraych dans laquelle il est né, c’est tout le contraire dans le cas du Mahdi Ibn Toumert (1078 – 1130). L’idéologue amazigh, acteur principal de l’émergence de la dynastie des Almohades (1147 – 1269) est considéré, à son retour chez lui dans les contreforts du Haut Atlas, comme un rédempteur. Dans une terre de confins, qui craint de voir s’abattre sur elle le châtiment de la fin des temps, le prêcheur originaire du Souss apparaît comme une bénédiction divine. Un prestige tel qu’il parvient, en quelques années à peine, à rassembler tribus et armées, et à bousculer l’ordre établi par les Almoravides, seigneurs du Maroc depuis le milieu du XIème siècle. Pourtant, le prophète autoproclamé a connu des fortunes moins glorieuses lors de son long voyage initiatique qui le conduit au cœur d’al-Andalous, puis dans les principaux fiefs du Machrek. Des épisodes naturellement masqués par l’historiographie almohade, qui fait état d’un rejet par les populations locales d’un homme au discours vilipendant leurs modes de vies.
Par Sami Lakmahri
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