Entre 1973 à 1975, l’Etat décide de récupérer les terres de colonisation privée et de « marocaniser » son économie, toujours contrôlée en partie par le capital étranger
En ce début d’année 1973, l’incertitude politique et la pression sociale pèsent toujours sur l’Etat marocain. Dès janvier, la mobilisation des étudiants et enseignants de l’Université Mohammed V de Rabat tourne à la confrontation et aboutit à plusieurs arrestations, puis à la dissolution de l’UNEM (Union nationale des étudiants du Maroc) par le gouvernement Osman. Le 3 mars, jour de la Fête du trône, un groupe de militants proches de Fqih Basri fait irruption dans le Moyen et Haut-Atlas pour mener une insurrection armée. Ils sont rapidement encerclés par les forces de l’ordre et le « complot avorté » débouche sur de nombreuses arrestations au sein de l’UNFP (Union nationale des forces populaires), dont Omar Benjelloun et trois autres membres du comité central. L’UNPF-Rabat sera officiellement suspendue le mois suivant, après révision du Code des libertés publiques. Alors que l’opposition dénonce ce durcissement du régime, une tout autre annonce va faire l’effet d’une bombe, cette fois dans les milieux d’affaires et au sein de la communauté étrangère du Maroc : la reprise des terres de la colonisation privée et la « marocanisation » officielle de certaines activités économiques (dahirs du 2 mars 1973).
Evoquées depuis un certain temps par Hassan II, ces mesures répondent à une revendication forte du mouvement national depuis l’Indépendance, mais soulèvent un certain nombre d’interrogations, craintes, espoirs et convoitises quant à leur mise en œuvre. En effet, si certains secteurs (notamment l’électricité, les chemins de fer, les banques et assurances) se sont déjà en grande partie marocanisés de façon spontanée depuis 1956, le capital étranger, notamment français, domine toujours l’économie marocaine. Le capital privé marocain reste principalement cantonné au commerce, au textile et à l’immobilier. Quant à la reprise des terres de colonisation officielle par le Maroc en 1963 (250 000 hectares), elle n’a pas encore donné lieu à la vaste réforme agraire réclamée par les partis et promise par Hassan II en septembre 1972, quelque temps après l’attaque contre le Boeing royal.
Fidèle à l’esprit de continuité
Au mois de mai, le Premier ministre, Ahmed Osman, donne une conférence de presse pour expliquer les objectifs de la marocanisation. Cette politique marque « la volonté du Maroc d’affirmer sans ambiguïté son droit souverain de contrôler ses propres richesses et de mobiliser tous les moyens dont il dispose sur les plans matériels et humains, en vue d’exploiter ses ressources, d’abord et avant tout au profit de ses propres ressortissants ». Ahmed Osman rassure cependant les investisseurs étrangers en affirmant que la marocanisation « sera fidèle à l’esprit de continuité et ne remettra pas en cause les options libérales choisies une fois pour toutes ».
Par Christophe Gusilli
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La marocanisation est la fille des deux coups d’état militaires lorsque le Makhzen s’est rendu compte que le socle sociologique sur lequel il pouvait compter n’était plus une armée fidèle composée d’officiers historiques et compétents mais bien une classe moyenne et haute sur laquelle il devait bâtir un autre pacte. La montée en puissance de Basri,un homme du peuple venu de Settat a coïncidé avec l’arrivée dans les appareils de l’Etat des élites rurales aussi bien dans l’appareil central ,notamment le ministère de l’Interieur mais aussi a la faveur d’une décentralisation avec la commune et les élections qui vont Avec mais aussi l’émergence de gouverneurs très puissants dotés de l’aura de représentant du Roi dans leur aire geographique. De plus on a créé des organes pour faire appel aux eleites locales et DE nouveaux partis politiques Cocotte-Minute pilotes par Basri en personne… Tout cela a été mené tambour battant sans tenir compte des formes démocratiques.. Résultat des courses les citoyens ont déserté les urnes et les partis de l’administration toute légitimité démocratique… De la date le déclin des partis traditionnels USFP et Istiqlal car les élites universitaires ont subi une opa de la part de Basri qui les a embarqué par mille manieres(postes,coopératives d’habitation,etc…)In fine La marocanisation a réussi aux grosses fortunes qui ont pu s’endetter auprès des banques et les terres agricoles distribuées aux hommes forts du pays y compris les élites militaires. Les banques comme le CIH et La BNDE ont servi ces desseins au point que ces élites se sont cru autorisees a ne pas rembourser les banques de l’Etat d’où ces scandales vite étouffés malgré des procès de pacotille…