Si l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) est devenue l’Union Africaine (UA), c’est en partie à cause du divorce avec le Maroc. Trente-deux ans plus tard, le royaume est sur le point de réintégrer l’institution africaine. Chronique d’une relation compliquée.
Les histoires d’amour sont éternelles. Celle du Maroc et de l’UA connaît un nouvel épisode, déclenché le 18 juillet par un évènement pour le moins inattendu. A l’occasion du 27ème sommet de l’Union Africaine qui s’est tenu à Kigali, capitale du Rwanda, le roi Mohammed VI a adressé un message à l’ensemble des délégations présentes. Dans cette lettre historique, le chef de l’Etat exprime sa volonté de rejoindre l’organisation panafricaine, dont son grand-père fut l’un des initiateurs. Si le Maroc a joué un rôle prépondérant dans la naissance de l’OUA, force est de constater que son absence de son héritière, l’UA, est une aberration. Le divorce a été prononcé dans les coulisses du sommet d’Addis-Abeba (Ethiopie) en novembre 1984. Alors que, pour la première fois, une délégation de la « RASD » siège officiellement à l’assemblée, Ahmed Réda Guédira, conseiller de Hassan II, prend la parole. Sa lecture du message royal fait l’effet d’une bombe : «Voilà, et je le déplore, l’heure de nous séparer. En attendant des jours plus sages, nous vous disons adieu et nous vous souhaitons bonne chance avec votre nouveau partenaire».
Depuis cette date, la présence de l’entité sahraouie dans l’organisation des pays africains a été problématique. Au grand dam, bien entendu, de nombrux pays africains qui déplorent l’absence du royaume, qui n’est pas juste un adhérent de l’institution, puisqu’il fait partie du cercle des fondateurs. Flash-back. A l’aube des années 1960, alors que la Guerre froide est à son paroxysme, des pays africains, pour la plupart en plein processus de décolonisation, estiment qu’il est nécessaire de s’unir pour faire face aux défis à venir. C’est ainsi que 30 Etats, dont le Maroc, créent officiellement l’OUA lors de son sommet constitutif à Addis-Abeba en 1963. L’organisation annonce que ses objectifs sont «l’éradication du colonialisme et la lutte contre la discrimination raciale», ainsi que «renforcer l’unité et la solidarité entre les Etats africains, coordonner la coopération pour le développement, préserver la souveraineté et l’intégrité territoriale des Etats membres et favoriser la coopération internationale dans le cadre des Nations Unies». Une mission très honorable qui se heurte néanmoins à la diversité et à la complexité des pays du continent. Si les guerres et les conflits larvés ne s’estompent toujours pas, peut-être que les « jours plus sages » tant espérés par Hassan II sont enfin arrivés. Seul l’avenir (proche) le dira.