Père du Maroc moderne, architecte de la monarchie centralisée et fervent royaliste. Telles sont les orientations largement attribuées à Hubert Lyautey, premier Résident général du Maroc sous Protectorat. La lecture de l’histoire nous apprend une nouvelle facette du maréchal français. En pleine Première guerre mondiale, Lyautey tente d’imposer une vision politique simpliste du Maroc, largement répandue en métropole. Pour lui, l’empire chérifien est coupé en deux. La population arabe, généralement citadine, est soumise au sultan de Fès. Pour le reste, de farouches tribus amazighes lui sont hostiles. Selon l’adage « diviser pour régner », Lyautey songe alors à créer un Etat fantoche, le « berbéristan ». Dans une lettre adressée au parlement français pendant la guerre, il propose même d’octroyer la nationalité française aux combattants amazighs qui se battent dans les tranchées européennes. L’idée n’est pas de leur offrir une promotion, mais plutôt de leur faire rompre l’allégeance avec leur souverain. Ce n’est qu’un peu plus tard, lorsque Lyautey menait la « campagne de pacification », qu’il comprend la réalité politique en vigueur au Maroc. La soumission ou la rébellion vis-à-vis du Makhzen ne dépend pas de la population, mais de la conjoncture du moment. Lyautey réalise alors que la place du sultan chérifien est centrale. Ses successeurs reviendront quand même à la charge avec la tentative d’instituer le Dahir berbère en 1930.
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