Au plus fort de lutte anticoloniale au Maroc, le Protectorat pouvait s’appuyer sur une arme redoutable. La presse coloniale, favorable au maintien du régime français, était chargée de défendre les intérêts coloniaux notamment en qualifiant de terrorisme tous les actes de résistance menés par le Mouvement national. Le 2 mars 1956, une fois l’indépendance entérinée, il aurait été logique de voire cette presse disparaître du paysage marocain. Mais à travers le groupe de presse MAS, le plus virulent à l’époque du Protectorat, les désormais ex-colons, souhaitent tout de même prolonger une relative présence, pour maintenir du mieux possible les intérêts économiques qui restent au Maroc. Le rapport de force à bien évidemment changé, et les journaux phares du groupe MAS (le petit marocain, l’Echo du Maroc, la Vigie Marocaine et le Courrier du Maroc) voient leurs lignes éditoriales s’aligner dans le sens de la monarchie. Un revirement des plus spectaculaire, puisque cette même presse lui a été farouchement hostile, durant le bras de fer qu’a engagé Mohammed V avec la résidence au début des années 1950. Jusqu’à son rachat total en 1971 par le très influent Moulay Ahmed Alaoui, ancien ministre de l’Information, le groupe MAS se contente de diffuser des journaux d’informations généralistes, contrastant avec les nouveaux organes marocains virulents et ultra partisans. Tout en perdant de son influence, dû à l’exil progressif des lecteurs français qui quittent le Maroc indépendant, la presse française assistera encore quelques années, à l’incroyable et brouillonne effervescence des journaux marocains.
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