Retour sur la petite histoire d’un art, celui de la «Dakka», qui résume à lui seul toute la beauté et la magnifique histoire de la ville ocre, ancienne capitale du royaume.
Marrakech est la cité de la joie (Al Bahja), de la dérision, de la raillerie. C’est la ville où la blague ne se raconte pas, mais se crée comme réponse à un événement vécu. On crée les mots, on les conjugue, on les manipule, on les fait chanter et danser dans tous les sens. Ainsi on fait arriver le mot à son extase.
Les mots, le rire
La parole à Marrakech est d’une importance capitale. On ne peut ni vendre, ni acheter dans un magasin ou un souk, sans engager une discussion ou une simple conversation. En soirée amicale ou familiale, on se crée une histoire, parfois imaginaire, à partir d’un mot ou d’une expression prononcée par quelqu’un. On se moque de ses propres problèmes et de ses difficultés, au point qu’en se demande si les mots «stress» ou «dépression» ont un sens dans ce monde magique qu’est celui de Marrakech. La ville a aussi la particularité de ne jamais repousser l’étranger. Au contraire, elle l’accepte et l’adopte. L’exemple frappant est celui de son emblème sacrée et personnifiée dans les sept saints (Seb’atou Rijal) dont beaucoup sont, en fait, étrangers à la ville ocre. Marrakech était donc tolérante vis-à-vis de l’étranger, tant au niveau de sa culture, de sa couleur de peau ou de sa religion. Les hippies qui se sont installés durant les années 1970, en sont l’exemple parfait. Ils ont apporté avec eux un nouveau mode de vie, et une philosophie qui n’est nullement marocaine, mais qui a été acceptée par les habitants sans le moindre heurt. Marrakech, qui était et reste le lien entre le Nord et le Sud du Maroc, est la porte du Sahara. Les caravanes, jadis, y passaient nécessairement pour atteindre les autres contrées africains. La medersa Ben Youssef, en qualité d’université, lui offrait aussi un environnement culturel et académique recherché par les chercheurs du savoir accourus du monde entier.
Par Mohamed Jamal Bennouna
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