C’est la bataille qui changea le cours de l’histoire au lendemain de la Grande Guerre. Les damnés de la terre, asservis depuis l’aventure coloniale, lèvent la tête enfin. Ils viennent, pour la première fois, de remporter une victoire contre une puissance coloniale, dont le retentissement est inespéré.
L’impact est immense, d’abord chez les proscrits de tout bord : chez les Rifains, les musulmans, et ceux qui combattent sous la bannière de cette nouvelle religion, le communisme. Pour longtemps, l’exemple de Abdelkrim El Khattabi (de son vrai nom Mohamed Ben Abdelkrim) ou l’Emir, chef de guerre, aura inspiré les combattants du Viet Cong, devient l’icone de l’oncle Ho, la source d’inspiration des Maoïstes ou des guérilleros de l’Amérique Latine. Les puissances coloniales seront touchées par l’onde de choc de ce qui est appelé plus qu’une défaite, un désastre. L’Espagne ne sera plus la même. Elle changera de visage. On dira même que le XXème siècle espagnol est marocain. Il n’y aurait pas la chute de la monarchie sans Anoual, ni Franco.
La France suit l’évolution dans le Rif, depuis la bataille Anoual, dont les contrecoups peuvent déteindre sur ses possessions, dans le «Maroc français» d’abord, et «l’Algérie française». On craint même l’impact au sein de la France, avec un parti communiste revigoré depuis la victoire des «prolétaires berbères» en Afrique. La Grande Bretagne active son nid d’espions à Tanger pour scruter l’évolution, et arrive à mettre ses honorables correspondants au contact de l’Emir.
Par Hassan Aourid
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