La baraka est la pièce centrale d’un système de mythes et de croyances propres au Maroc, mais aussi à d’autres pays musulmans.
Les Marocains, comme un grand nombre de peuples, vivent avec plusieurs systèmes de croyances : un ensemble hétéroclite de pratiques rituelles pré-monothéistes, une religion révélée – ici l’Islam – et le respect de la science moderne. L’hétérogénéité manifeste de ces ensembles gnosiques pour tout observateur extérieur, ou pour tous ceux qui s’enfermeraient dans un seul de ces trois sous-systèmes, ne pose guère de problèmes aux usagers. Les Marocains seraient – pour la plupart évidemment – très étonnés d’entendre qu’il puisse y avoir incompatibilité, voire contradiction ou exclusion, entre ces différents univers conceptuels ou idéologiques. Mais qu’un seul de ces éléments manque, et le tout s’effondre ou revient à des bribes et morceaux ruinés sans signification générale, donc sans efficacité. Syncrétisme donc, ou respect de registres parallèles coexistant, cohabitant dans l’alliance comme dans la compétition, le système des mythes et croyances au Maroc n’est évidemment pas le même pour le mystique soufi, le clerc citadin, le paysan illettré, l’étudiant en faculté des Sciences et l’ouvrier spécialisé. Chaque type de crédulité dénie à l’autre valeur pratique même si, au fond, c’est toujours le plus religieux qui l’emporte…
Par Paul Pascon
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