Pendant plus de cinq mois, le sultan Mohammed Ben Youssef et sa famille sont retenus en Corse, première étape d’un exil politique qui va se poursuivre à Madagascar jusqu’à novembre 1955. Un séjour marqué d’abord par l’abattement du souverain chérifien, mais qui va poser les jalons d’une posture de résistant. Retour sur un épisode qui n’est pas seulement une introduction à l’exil d’un roi…
Le sultan et ses deux fils sont arrivés en Corse, première étape d’un exil qui va durer jusqu’à la fin de l’année 1955. Sur l’île de beauté, où elle demeure jusqu’au début de février 1954, la famille royale est d’abord déboussolée, au moins autant que les autorités locales chargées de la recevoir. Le préfet, Marcel Camille Savreux, reçoit l’ordre d’organiser l’accueil de cet encombrant invité. Dans le livre entretien «Mémoires d’un roi» rédigé par Eric Laurent, Hassan II revient sur l’épisode du diner offert par le préfet à la famille royale au premier soir de leur séjour forcé en Corse : «J’étais placé en face de mon Père, et comme je n’avais pas déjeuné, je dévorais tous les plats. À la fin, lorsque nous nous sommes retrouvés seuls dans les couloirs, il m’a dit : Mais vous n’avez aucun amour propre, comment vous et votre frère pouvez vous trouver le moyen de manger comme des ogres dans des circonstances pareils, ce n’est pas croyable’. Je lui ai répondu, pour tenter de détendre l’atmosphère : Ecoutez, sire, ils ont voulu nous tuer avec ce voyage en avion, je ne vais pas leur donner, en plus, le plaisir de mourir de faim».
Par Sami Lakmahri
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