Retour sur la parenthèse malgache, quand le sultan et sa famille entament un nouveau chapitre, inédit, de leur vie.
Dans ses mémoires, Mahjoubi Aherdane rapporte, en marge du premier voyage officiel du roi Hassan II en Tunisie, en décembre 1964, lors d’un moment de détente où le roi, avec des proches, dont le prince Moulay Abdellah, le prince Moulay Hassan Ben Driss et d’autres commensaux, leur parla de l’exil de la famille royale à Madagascar : «Un jour, mon père, dit-Hassan II, s’est enfermé en ordonnant de n’être dérangé par personne. En entrant, j’ai trouvé, dans toute la famille, une atmosphère de tristesse et ma mère m’en a expliqué la raison. Je suis monté le voir. J’ai frappé à sa porte avant d’entrer. Une voix courroucée m’a répondu. En me voyant, il s’est calmé. Mais à son air désolé, à ses yeux rouges, j’ai compris qu’il avait pleuré. Lui ayant demandé la raison de son affliction, il m’a répondu :
– Sais-tu ce qui s’est passé à Oued Zem ? As-tu appris la nouvelle ?
– Oui, Majesté.
– Et sais-tu que les chars ont démoli des maisons et sont passés sur les corps des femmes et des gosses ?
– Oui, Majesté. Mais c’est la lutte !
– La lutte ! dit-il. Aucun homme ne vaut que meurent pour lui des gosses et des femmes».
Rien ne rend mieux l’état d’âme et la grandeur de celui qui allait devenir Mohammed V, que ce témoignage. Mais la grandeur n’est pas forcément synonyme de grand rôle, ni de grands moments. Les menus détails de la vie peuvent l’exprimer. C’est ce que nous essayons de relever dans cette phase cruciale de l’histoire du Maroc, quand son épicentre s’est déplacé vers Madagascar, ou pour être précis dans ce resort qui s’appelle Antsirabé, le Vichy malgache, comme on aime l’appeler.
Par Hassan Aourid
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