C’est en lisant le périple d’Ibn Batouta que j’ai appris à connaître le Maroc, me confia, un jour, feu Lotfi Akalay. Car Ibn Batouta est l’expression du génie marocain.
N’est-ce pas là une prouesse que d’aller de Tanger, jusqu’aux aux Iles Maldives, en bifurquant par la Chine, en passant au préalable par l’Arabie, le Yémen, Oman, Irak, Cham, la Perse, les Turkmènes, le pays des Mogols, à pied, ou sur des montures, s’exposant aux bandits, ou des barques de fortune, où on frôle souvent le naufrage ?
L’aventure de Marco Polo, romancée à l’envi, semble un jeu d’enfant en comparaison de l’odyssée d’Ibn Batouta. Ce dernier aura sillonné Dar Al Islam et ses lisières. Puis de retour de son premier périple, à Marrakech, il poussa vers l’Afrique subsaharienne. Il avait l’avantage d’être musulman voyageant en terre d’islam, où il était reçu, souvent, en grande pompe par ses coreligionnaires. C’était à l’époque un sauf conduit, en sus de la langue arabe, la lingua franca de l’époque. Ce que ne pouvait exciper Marco Polo.
Lotfi Akalay, natif de Tanger comme son illustre ancêtre, a réadapté le récit d’Ibn Batouta, tout en restant fidèle à la trame et aux faits, rendant son aventure plus accessible. Il ne s’agit pas de traduction, ni d’un texte romancé, mais d’une réécriture du périple, à la manière d’un Candide qui garde la tête sur les épaules, avec un regard critique à peine contenu, sur les excès du pouvoir absolu, les cours, la permissivité des mœurs.
Par Hassan Aourid
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