En l’espace de quelques jours à peine, le Maroc reçoit le Premier ministre espagnol et le chef de la diplomatie française. Une page importante dans l’évolution de la diplomatie marocaine, qui renoue avec deux puissances européennes historiquement liées au royaume…
Malgré la pression subie par une partie de son opposition, le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a profité de sa visite d’état à Rabat le 21 février, pour réaffirmer la position de son pays soutenant le plan d’autonomie marocain de 2007 afin de résoudre le conflit au Sahara. Une visite ponctuée par la réception offerte le même jour par le roi Mohammed VI à son hôte espagnol, histoire de souligner les excellentes relations bilatérales avec le voisin ibérique. Ce feuilleton diplomatique avait, souvenez-vous, connu un rebondissement historique en avril 2022, lorsque les deux chefs d’état avaient amorcé une réconciliation après une brouille longue de presque deux ans. Depuis, et au grand dam du Polisario et de son parrain algérien, les deux royaumes n’ont cessé de multiplier les partenariats avec en point d’orgue, l’organisation commune, avec le Portugal, de la Coupe du monde de football qui se tiendra à l’été 2030. Si la récente visite de Pedro Sanchez est une continuité de l’embellie entre les deux pays, celle quelques jours plus tard, du patron du Quai d’Orsay français, incarne une nouvelle page des relations franco-marocaines.
En effet, la visite de Stéphane Séjourné, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, le 26 février dernier, s’annonce comme une réconciliation qui paraîssait improbable il y a encore quelques mois. À Paris, Brigitte Macron, épouse du président, avait reçu les princesses Lalla Meryem, Lalla Asmaa et Lalla Hasnaa, le 20 février dernier. Ce qui semble amorcer un virage dans la relation de la France avec le Maroc. Son chef de la diplomatie est donc venu le confirmer à Rabat, d’où il a qualifié d’exceptionnel le lien entre la France et le Maroc, exprimant la volonté du président français «que ça reste exceptionnel». Et si aucune déclaration significative n’a concerné une reconnaissance officielle de la souveraineté marocaine sur le Sahara, Stéphane Séjournée a rappelé que sur cette question, «La France a été le premier pays à soutenir le plan d’autonomie du Sahara, qui a été déposé notamment aux Nations-Unies», et surtout, promet une évolution prochaine de la position de la France : «Je l’ai dit publiquement. Je m’engagerai personnellement pour que ça avance». Tous les observateurs s’accordent à dire que Paris prépare, dans un avenir plus ou moins proche, à rejoindre les pays qui s’alignent sur une souveraineté totale de Rabat sur ses provinces sahariennes. Une attente qui serait sans aucun doute, l’une des plus grandes victoires diplomatiques du Maroc ces dernières années.