Connu de l’Atlas au Rif, craint et haï à la fois, le parcours de Boubker Ghanjaoui, longtemps protégé et de l’empire britannique et du Makhzen, renseigne sur les contrastes et les tourments du Maroc du 19ème siècle.
Boubker Ghanjaoui est un personnage fascinant du Maroc du 19e siècle. Il est par certains côtés atypique et inhabituel, mais son parcours révèle de manière crue le contexte de l’époque, notamment les effets insidieux et complexes des protections consulaires (himayat), en l’occurrence celles de la Grande-Bretagne qui exerçait une très forte influence aux niveaux commercial, politique et diplomatique. Voici comment Graham Cunningham décrivait Ghanjaoui dans un ouvrage paru en 1893. « Un homme connu de l’Atlas au Rif, et du Sahara à Essaouira. Il était haï, craint et respecté à la fois ». L’homme apparaît d’abord de manière furtive dans l’étude pionnière de Mohammed Kenbib sur les « protégés ». Puis l’image se précise un peu plus dans le premier travail de Khalid Bensrhir sur les relations maroco-britanniques. Ensuite, ce dernier lui consacre, dans son ouvrage suivant, un long chapitre qui constitue la référence centrale du présent article. Les origines de Ghanjaoui sont inconnues, pas plus que son lieu et sa date de naissance. Probablement analphabète, il était à ses débuts un caravanier qui sillonnait les routes reliant Marrakech aux ports atlantiques d’El Jadida, Safi et Essaouira, assurant le transport de différents produits liés aux échanges avec l’Europe. Ghanjaoui devient courtier au service du négociant anglais Hunot, qui est aussi le frère du vice-consul britannique à Safi et représentant de la compagnie Messrs Perry and Co.
Par Abdelahad Sebti
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